vendredi 17 mai 2013

10 au 12 avril 2013 - Le grand Canyon - Par Johann

Finalement, qu'est-ce que c'est un Grand Canyon? Vu du bord, ce n'est qu'une immense crevasse qui contient d'autres crevasses et ainsi de suite à la manière de poupées russes inversées. L'autre bord, situé à plusieurs kilomètres du nôtre mais à la même hauteur, est tracé aussi finement que la ligne d'horizon d'une mer vue de la plage. Aussi horizontal qu'est le bord de pierre, différents étages de sédiments se succèdent quand on balaye du regard de haut en bas. Ces différentes couches ont chacune leurs couleurs allant du marron foncé au blanc cassé en passant par le rouge. Le canyon n'est pas une bassine lisse mais un amas de monticules rocheux de moins en moins haut jusqu’à son milieu serpenté par le fleuve Colorado. Mais quelque soit la profondeur les lignes de couleurs sont respectées, comme si un artiste avait déterminé la hauteur des couleurs à la manière d'un arc-en-ciel. 

Une fois les yeux arrivés sur nos pieds, on se rend compte que c'est abrupte. Depuis la crête, la falaise est coupée de façon franche, le vent y est puissant et le vide peut faire peur quand on quitte la sécurité des sentiers bordés d'un muret. Les trails sauvages sont abîmées mais nous offrent des vues surprenantes sur l’immensité de cette cicatrice de la terre. Les oiseaux plongent de manière insolente dans le trou et en ressortent sans aucun effort soulevés par de puissantes colonnes d'air chaud. 

Les ailes nous manquent, mais nous voulons plonger nous aussi dans ces abysses pour rendre un peu plus animé ce qui d'en haut est trop loin, figé comme les vagues de la mer vues du hublot d'un avion. Il nous faut marcher longtemps sur des sentiers serrés et escarpés pour toucher à chacune des couleurs visibles depuis le top. À mesure que notre altitude baisse la température monte, l'eau semble moins lourde: on sera content d'en avoir pour remonter. C'est sportif mais je dirais au sens propre qu'on en chie moins que les mules qui font la même route. On atteint le point maximum qu'il est autorisé de marcher en une journée. Passé ce point, les Rangers conseillent vivement de passer la nuit en bas pour éviter de souffrir de la chaleur et accessoirement de mourir. Autant les genoux ont cognés sur la descente, autant les mollets trinquent sur le retour. 

Ce soir, nous ne manquons pas ce coucher de soleil dont on nous rabat les oreilles depuis notre arrivée. Il semble que la direction du soleil n'est pas le meilleur angle pour profiter du spectacle. C'est le jeu de lumière, ou plutôt celui de l'ombre qui, telle une marée noire, fait danser les roches pointues au fond du canyon avant de le faire sombrer entièrement.

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