La première occasion de converser avec un local se présente à Houston. On vient de s’échapper du stressant trafic pour faire le plein d'essence. La dernière chose que l'on souhaite c'est de tomber en panne sèche dans le gros tas d'échangeurs à 12 voies rapides montés en spaghettis en plein centre-ville. À peine je commence à remplir notre réservoir qu'un gros Texan m'aborde du haut de son pick-up aux roues surmontées. Le Westfalia est le premier objet de son intérêt bien que je doute que sa corpulence ne lui permette de se placer derrière le volant. Rapidement la curiosité le pique: que vient faire ce maigrichon de frenchie dans sa région? Nous échangeons alors sur le sujet de notre voyage et fier que le Texas en soit une étape, il me souhaite la bienvenue, poignée de main à l'appui au moins trois fois avant de repartir. Au Texas on est fier d’être du Texas.
Si vous aimez la culture cowboy vous avez peu-être déjà entendu parler de la capitale des cowboys: Bandera (à l'ouest de San-Antonio). Et bien, sauf si vous avez une carence de mauvaise surprise dans votre vie, je ne vous conseille pas d'y aller. Sur ce coup la Internet c'est bien joué de nous en nous vendant une ville typique où la culture du farwest est un art de vivre... Un centre-ville composé de quelques bâtisses en bois sans réel cachet, une décoration thématique pour faire du "comme si" et deux pèlerins en costume d’époque qui attendent que vous posiez une photo avec pour empocher du tip. On y vend de la breloque de cowboy, des statuettes d’animaux portes bouteilles, des échantillons de barbelée (non, c'est pas une blague) et des pancartes illustrant un revolver suivi de la phrase "This house doesn't call 911"... Pathétique au coton. Non vraiment, le Texas a des atouts mais les cowboys en herbe feront une meilleure immersion en Arizona ou en Utah. Mais, en ce qui nous concerne, nous ne sommes pas venu ici pour jouer du lasso. Ce qui nous intéresse au pays de Johnny Cash se trouve plus vers l'ouest.
Les routes coupant le désert du Texas montent et descendent comme des montagnes russes. Notre mécanique de 1979 a besoin d’être poussée un peu plus dans les descentes pour réussir à monter la côte suivante. De plus, nous devons ménager le moteur car il commence à faire chaud pas à peu près L'excuse du moteur est la raison de notre halte au parc Amistad à côté de Del Rio. La beauté du paysage est la raison de la prolongation du séjour dans le parc.
C'est un couple de petits vieux qui gère le camping du parc national. En ce week-end de Pâques les sites de camping sont prisés mais nos deux Rangers volontaires sont bien décidés à nous trouver une place. Nous sympathisons rapidement avec nos hôtes et leur attitude nous fait sourire. Ils nous parlent en se regardant du coin de l’œil comme des ados. Quand l'un fini sa phrase, il se tourne vers l'autre comme pour chercher une approbation. Il n'y a pas eut de blague restée sans la ponctuation du rire de l'autre. Ils sont tellement proches qu'on dirait qu'ils vont se marcher sur les pieds. Bref après 60 ans il n'est pas trop tard pour vivre les mêmes passions qu'à 15 ans. Anne-Marie et moi trouvons ça bien drôle.
Amistad est à moins d'un kilomètre du Mexique. Ayant commencé à bronzer, je ne souhaite pas m'amuser à passer le poste frontière de peur que l'on m'assimile à un mexicain essayant de se faire passer pour un Français qui veut devenir Canadien... Et puis d'un côté comme de l'autre de la ligne, le paysage est aussi beau. La roche est d'un blanc éclatant. Le peu de végétation est composée d'arbres secs sans feuille et de petits buissons de plantes résistantes au soleil. Sous le pont qui enjambe le camping, se trouve un bassin d'eau de pluie immense. Nous apprenons que, malgré la quantité d'eau réunie au milieu de ce paysage aride, le niveau est bas car de l'eau en aval a été requise pour inonder certaines cultures agricoles. D'ailleurs, quand nous nous promenons dix kilomètres en amont du camping, la terre est ridée à une profondeur de dix centimètres par le manque d'eau. On voit qu'il n'y a pas si longtemps de l'eau coulait ici mais qu'elle est partie tellement vite que la terre s'est asséchée comme une vieille éponge au soleil. Dans un western, ce décor est celui où le renégat meurt de soif une gourde vide à la main.
Malgré la chaleur, l'eau du bassin reste assez fraîche. Mais en cette fin de mars, même une courte baignade est un luxe pour un Breton. Après s'être rafraîchis la peau, on ne laisse pas en reste notre système interne en savourant une petite bière sur le rivage. Tels les lézards nous restons un bon bout de l’après-midi accrochés à la roche.
Le jour où nous quittons le Texas, nous nous permettons un petit crochet au Nouveau Mexique pour visiter la grotte de Carlsbad. J’imagine que l'on peut décrire cet endroit plutôt comme une montagne creuse car avant de descendre il faut monter tout en haut. Si l'entrée de la grotte n'avait pas l'aménagement nécessaire pour la visite des touristes, on pourrait croire que l'on vient de trouver le nombril du monde. Le trou est béant mais on ne peut en voir le fond. Nous aurions pu prendre l’ascenseur pour atteindre les différentes chambres au fond mais nous préférons user de nos jambes pour descendre les allées nous menant à un équivalent de 79 étages sous terre. Nous nous souvenons des grottes de Floride que nous avons visité quelques semaines avant mais ces dernières nous semblent maintenant ridicules par rapport au spectacle que nous vivons. Je laisserai parler les photos et me contenterai de dire que c'est de toute beauté, le Las Vegas des chauves-souris.
Voilà qui repasse en revu quelques-unes des péripéties vécues dans la région du Texas. Si le regret avait une place dans notre voyage, ce serait de ne pas avoir eu le temps de visiter le parc Big Bend. Nous venons de cocher sur le calendrier le denier jour de mars. Un mois déjà que l'on est parti, ne traînons pas; Texas nous reviendrons!
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