Notre point d'entrée en Arizona nous a été conseillé par Monsieur Dickens, mais ça c'est une histoire qui sera conté dans un autre message. Ce qu'il faut retenir, c'est que nous avons fait irruption dans l'état par le sud, proche des réserves indiennes. Le point de chute prévu ce jour là est le camping du Nation Monument Of Chiricahua. Mais avant d'installer notre domicile temporaire, nous tirons parti de cette belle journée en partant randonner dans les montagnes proches de la frontière. A l'entrée du chemin des pancartes nous mettent en situation : Il y a deux cent ans environ les américains sont venus faire valoir leurs droits sur une terre volée aux indiens natifs. Évidemment, c'est des américains qui ont écrit les textes donc n’imaginez pas retrouver le récit tel que je vous le vends ici. Toujours est-il que c'est au long de cette marche que nous passons sur des zones théâtres de multiples histoires dans le passé. Nous évoluons à travers des restes de l'exploitation d'un pionnier chercheur d'or, des ruines d'une auberge où l'on pouvait manger et échanger sa monture contre une reposée, la reconstitution d'un village apache et un authentique cimetière où visages pâles et peaux rouges reposent côte à côte (dont le jeune fils du très célèbre Géronimo). Notre expédition nous transporte au sommet d'une montagne, lieu stratégique où fut érigé le fort Bowie au XVII siècle. Cette expérience a renforcée mon chauvinisme latent; en France on a construit des châteaux qui sont toujours debout. La plupart des ruines de Fort Bowie ne sont que des murs qui ne dépassent pas une hauteur de genou. En ce qui me concerne, l’intérêt du site réside plus dans les photos montrant le fort à sont apogée et combien les montagnes, elles, n'ont pas changé.
Le lendemain de notre arrivée dans ce nouvel état, nous nous réveillons au camping de Chiricahua comme nous l'avions prévu. Le réveil sonne tôt pour ne pas louper la navette qui dépose les randonneurs en haut de la montagne. A peine réveillés, peu caféinés, la gueule un peu dans le pâté, nous apprenons à notre désavantage que l'Arizona est le seul état de cette zone des Etats-Unis qui ne respecte pas le fuseau horaire que l'on donne sur les cartes... Bref, on s'est levés une heure trop tôt. Ce petit décalage dans notre journée ne fût pas vain, il nous a permis de rencontrer un nouveau personnage que nous avons appelé Jack l'Aventure.
Jack n'est pas venu dans le coin pour vendre des cravates. Une des premières choses qu'on le voit faire c'est rétorquer aux Rangers qu'en plus de proposer une navette qui ne part qu'après le levé du jour, le fuseau horaire est merdique dans cet état. Lui sa drogue c'est la nature et il en veut très tôt le matin. Le seul objet de valeur en sa possession est son appareil photo. Jack aime photographier mais il n'a pas peur du contact. Expert en bêtes sauvages, il s'est déjà fait griffer par de gros félins et piqué par des araignées mortelles. Mais rien ne lui fera aller à l’hôpital: il ne croit pas dans les "Sciences humaines". Comme il le dit si bien: "Si la nature décide que je meurs alors je suis d'accord. Toi tu as peur de te faire attaquer par un puma, moi je crains les voitures en ville. Les peurs sont différentes en fonction de l'endroit où tu décides de vivre.". Depuis qu'il a quitté son travail il y a 10 ans, la nature est sa maison et rien ne le replacera derrière un bureau. Crocodile Dundee peut retourner au vestiaire, Jack est là et c'est pas une fiction.
La navette finie par arriver et nous conduit en haut de la montagne, point de départ des différentes trails. Moins extrême que notre aventurier de la journée, nous entamons un hicking de 12 km au milieu des immenses colonnes de pierres faisant la renommée du parc. L’imagination des anciens d'ici n'est pas fantasque, on distingue bien l'immense tête d'indien sur le haut de la montagne, à vous de nous dire ce que vous pensez de la photo. Par compte, d'autres panneaux nous annoncent des formes que même sous drogues dures on ne serait pas en mesure d'imaginer sur les roches concernées. Mais qu'importe, les noms attribués n’enlèvent rien à la beauté de ces cailloux pesant jusqu’à plusieurs centaines de tonnes, perchés à des hauteurs invraisemblables et narguant le vide par leur sens de l’équilibre. La randonnée est incroyable, tout est dû à des phénomènes naturels mais ces monticules de pierres sont érigés comme de véritables monuments tous aussi beaux les uns que les autres. Nous finissons la journée avec autant d'images dans la tête que de fatigue dans les jambes.
Après Chiricahua on reprend la route en direction du nord de l’état. Nous faisons juste une étape furtive au Lake Roosevelt pour la nuit. À moins d’être le propriétaire d'un hors bord, ce parc ne présente pas beaucoup d’intérêt. La marina du coin attire tous les pêcheurs de la région, d'ailleurs quand on décolle le matin nous croisons presque que des pickups remorquant une embarcation.
C'est ainsi que nous arrivons à Sedona. Ça y est, la couleur de la roche est maintenant d'un rouge sans nuance. Quand on est pas habitué on jurerait que la région à fait repeindre les montagnes pour en faire une curiosité. Mais non, aussi surprenant que ça puisse être, la couleur n'a rien d'artificielle. La moindre marche dans cet univers vous colorera le bas du pantalon de la poussière omniprésente: un bon moyen de paraître local. De toutes façons, il n'y a que la poussière qui a l'air dans nos moyens à Sedona: la ville transpire le fric. En plus des maisons et courts de tennis au gros standing, ici on presse le porte-feuille des touristes pour leur faire faire des tours de buggies ou d’hélicoptère. Nous installons notre campement quelques kilomètres au-dessus de la ville dans un camping d’état. Les jours suivants sont occupés à sillonner les pistes montant et descendant les immenses blocs rouges composant le paysage. Escalader ces monuments est beaucoup plus facile que d'en descendre, donc prudence. Quand vous voyez une pancarte "Rattle Snake", ne pensez pas à un animal rigolo en traduisant "Serpent râteau". Prenez un dictionnaire et traduisez correctement "serpent à sonnette"! Donc double prudence.
Quand nous quittons la région de Sedona nous payons le prix de la vie de Bohême que nous menons. Ayant cessé de prendre en compte des actualités essentielles comme la météo, nous nous retrouvons à la frontière de l'immense ouragan qui sévit à son plus fort deux états plus haut. Malgré l’éloignement de l’épicentre du phénomène, le Westfalia se met littéralement à danser sur la route sous les rafales de vent. Nous jouons notre carte sécurité en prenant repli dans un camping proche de Williams. Un excellente initiative de notre part car le jour même les nuages nous livrent la tempête de neige la plus inattendue de notre vie... Enfin surtout pour moi, Anne-Marie est surprise mais son passif québécois plus riche que le miens la fera juste échapper un petit sacre. Petit écart de langage justifié car la neige nous bloque pour deux jours ici avant que nous puissions rejoindre Grand Canyon Village.
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