Nous pénétrons dans une grande vallée à l'herbe grasse abondante. Les montagnes qui nous entourent ont encore leur bonnet de neige. Les bisons, que nous ne comptons plus les jours suivants, broutent paisiblement. Nous n'avons fait que 2 des 8800 kilomètres des routes du parc et le cadre est déjà trop beau pour ne pas s’arrêter: Yellowstone est typiquement le genre d'endroit qui fait surchauffer votre appareil photo.
Ça ne nous prend pas longtemps pour s’apercevoir que les Bisons sont habitués à la présence humaine. Je peux vous assurer que quand un de ces bestiaux décide de marcher sur la route, c'est lui qui obtient tacitement la priorité, code de la route ou pas. La tête enfoncée dans leurs grosses épaules antérieures semble conçue pour la charge. D'ailleurs, plusieurs touristes téméraires se font frapper tous les ans par ces herbivores. Si vous voulez vous essayer à les poser de près, gardez bien en tête qu'aussi lourd qu'ils soient, ils courent 3 fois plus vite que vous. On essaie de préserver la distance de sécurité pour que ces grosses bêtes ne restent que de gentilles boules de poils.
Nous arrivons à la station des Rangers pour obtenir des informations au sujet des randonnées à ne pas manquer. On n'arrive pas à savoir si c'est son premier jour en tant que Ranger ou si on fatigue la madame de l'accueil avec nos questions. Toujours est-il qu'on devra se débrouiller seuls pour trouver nos sentiers en quittant la station. Cependant, malgré ses faibles talents d’hôtesse, notre Ranger nous recommande le port d'un répulsif à ours... Pauvres petits touristes que nous sommes, comment a-t-on pu oublier le poivre de Cayenne dans notre valise? Bref, nous l'avons pas vu venir celle-ci, la réalité nous a rattrapés: le printemps est là, les ours se réveillent et ils ont faim!
Une fois équipés de notre petite cloche pour prévenir et notre arme pour intervenir, nous partons pour de petites excursions sur les sentiers du parc. On ne sait plus si c'est nous qui observons les animaux ou l'inverse.
Outre la faune du coin, l'intérêt de Yellowstone réside aussi dans ses geysers. Cette partie du globe est bien particulière. Le sol du parc est comme vivant: il crache de l'eau et de la vapeur; la chaleur sous la croûte terrestre est telle que l'eau remonte sous pression par des craques. J'ai relevé trois sortes de paysages formés grâce à ce phénomène et cela d'une façon complètement dénuée de rigueur scientifique que je souhaite partager avec vous:
Le premier paysage est une belle plaine d'herbe où se trouvent de petits plans d'eau. Ces marres ont la douce particularité de bouillonner par endroits. Des fois la poussée sub-aquatique est telle qu'une petite fontaine d'eau jaillie de la surface. Mais attention, si vous êtes amateurs de spa, dîtes vous qu'ici le thermostat n'est pas réglé sur une température clémente à l'ouverture de vos chakras mais plutôt adaptée pour faire bouillir du homard. Quoi qu'il en soit, la baignade est interdite dans tous les geysers du parc.
Le second est un peu plus chaotique. La verdure n'a pas sa place, une boue grise entoure les geysers. Si cette boue est sèche, n'essayez pas de marcher dessus pour vous approcher du geyser; la croûte en surface risque de craquer et vous pataugerez alors dans une mélasse bouillante. De loin, les épaisses vapeurs font penser à un champ de bataille encore fumant. La sécurité des sentiers sur pilori nous permet d'être plus proche de ces générateurs de brouillard. La vapeur devient une fine couche d'humidité tiède sur nos vêtements, nous refroidissant au coup de vent suivant. Mais bon, de tout ce désordre une beauté surgie: la faible profondeur de l'eau et les écarts de température transforment ces bassins en des prismes de couleurs magnifiques.
Le troisième est mon préféré. Bien que l'eau puisse dépasser les 140 degrés Celsius, des micro-organismes se crées. C'est sous forme d'algues, d’espèces de champignons ou autres sédiments que sont colorés les faibles fonds en vert et rouge. Des études sont menées sur ces organismes pour savoir quelles possibilités aurait l'homme dans un milieu aussi acide: des fois qu'on retrouve ce même genre de paysage sur une autre planète. Aussi, par endroit l'écoulement d'eau chaude dépose en cascade une pellicule blanche sur les roches devenant très épaisse avec le temps. Ce blanc éclatant et tout poli fait penser à de la porcelaine ou du marbre. Le résultat donne d’impressionnantes sculptures en paliers et colonnes au fur et à mesure que l'eau s'écoule depuis l'amont.
Voilà qui clôt ce que j'avais à raconter sur le Yellowstone. Beaucoup de choses à raconter, trop peu de temps pour tout dire: on a un blog à finir. Pour la petite histoire, les seuls ours que l'on voit sont en partant le dernier jour à 500 mètres du bord de la route. Anne-Marie et moi débattons encore à savoir si c'était des ours noirs ou des grizzlis. Au fond de moi-même ça ne m'importe peu, l'important c'est que l'on ait pas eut à retirer la goupille de notre poivre de Cayenne.
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